Rassemblement ignatien : les étudiants du Centre Sèvres en scène pour une « disputatio » sur la conversion

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Publié le 30 novembre 2021

Lors du Rassemblement ignatien à Marseille à la Toussaint 2021, sept étudiants du Centre Sèvres ont réalisé une joute oratoire dans la tradition d’Ignace : la disputatio. Un exercice phare de la pédagogie du Centre Sèvres.

A partir d’un sujet donné, chacun doit défendre le pour ou le contre, parfois même à l’encontre de la position qu’il ou elle aurait naturellement choisie. Les participants préparent leur argumentation à l’avance, pour s’informer des débats existant sur le sujet, se renseigner auprès de sources fiables, et discerner dans la prière. Une fois sur scène, chaque débat se joue en dix minutes : chacun expose ses arguments tour à tour, avec une progression des arguments « faibles », facilement réfutables, aux arguments « forts », qui s’appuient sur une référence décisive. Le tout dans une démarche d’écoute et de bienveillance envers l’autre, recommandée dans les Exercices spirituels d’Ignace : « Tout bon chrétien doit être plus enclin à sauver la proposition du prochain qu’à la condamner ; et s’il ne peut la sauver qu’il s’enquière de la manière dont il la comprend et, s’il la comprend mal, qu’on le corrige avec amour » (§ 22).

A l’occasion des 500 ans de la conversion d’Ignace, les thèmes retenus évoquaient la conversion, avec par exemple : « Toute conversion est-elle appelée à en susciter d’autres ? » ou encore : « Peut-on se passer du Christ dans la conversion écologique ? » Les étudiants ont mené la discussion avec passion sur la scène impressionnante de l’auditorium du Parc Chanot, en y apportant une touche théâtrale savourée par le public. Celui-ci avait pour mission de départager les meilleurs débatteurs par un vote à main levée.

Ludique dans la forme, l’exercice est particulièrement formateur. « La disputatio révèle l’attitude des étudiants face au savoir, explique Guilhem Causse, directeur du premier cycle au Centre Sèvres, et organisateur de la démonstration. Quand on aborde des questions de foi, ils s’imaginent défendre soit la position du magistère, soit une position hérétique. C’est vrai ou c’est faux, c’est bon ou mauvais… Ils découvrent que le savoir est aussi un questionnement, une recherche. En théologie, on cherche, on cherche… et Dieu est toujours au-delà. Ils prennent conscience que la vérité se creuse en conversant de façon bienveillante et confiante. Être missionnaire, c’est croire que la conversation est un lieu d’émergence de la vérité de Dieu. »

Traditionnellement, l’exercice aurait dû s’achever par la determinatio : le professeur reprend la parole pour corriger, compléter et prolonger la réflexion. Pour cette fois, les applaudissements enthousiastes ont couronné la performance des orateurs courageux.