Samuel Paty, comment en sommes-nous arrivés là ?
La décapitation du professeur Samuel Paty nous remplit d’effroi, tout spécialement du fait de cet acte insoutenable qui consiste à vouloir trancher la tête d’une personne. On peut voir ici le symbole de la maladie qui frappe les auteurs de ce genre de crime : la folie d’un esprit qui ne sait plus se rattacher au réel de son propre corps et de tout ce qui porte à l’existence et appelle à la vie. Il devient alors incapable du moindre respect envers ce qu’il considère comme pure étrangèreté.
Comment en arrivons-nous là ? Je ne sais. Ce qui est certain, c’est que le problème n’est pas uniquement celui de ce jeune Tchéchène, ni même celui du fanatisme, et encore moins celui du religieux, défiguré par ce genre de sauvagerie.
Il se trouve qu’au même moment le Pape François publie un texte important, Fratelli tutti. Il y rappelle que la fraternité est au cœur du message du Christ, lui qui s’est fait le frère de tous en commençant par ceux qui font le plus peur, ceux qui symbolisent la défaite de l’humanité. Et sur la croix, il devient lui-même l’un de ceux-là.
Plus que les dispositifs sécuritaires, c’est cette disposition à s’approcher de l’autre qui constitue la meilleure arme contre la folie qui tourne en boucle et frappe à l’aveugle. La formation d’acteurs de l’Eglise – c’est notre métier, ici au Centre Sèvres – apporte sa contribution dans ce combat crucial qui s’engage aujourd’hui et prend de multiples aspects mais où il est question, à chaque fois, de ce qui nous apprend à grandir, vivre et mourir avec les autres, et non contre eux.
Etienne Grieu, sj
Recteur du Centre Sèvres, Facultés jésuites de Paris