Dans les déchirures du monde

L’actualité des derniers mois a livré sa cargaison d’images de complète désolation : tant de vies déchirées, tant de pleurs, tant de mépris, tant d’abandon, d’humiliation… On en a des hauts de cœur. Etrange application de l’humanité à se maltraiter…

Nous n’osons même plus nous poser la question : que pouvons-nous faire ? Comment résister à la déferlante du brutal et de l’insensé ? Et pourtant, nous allons bientôt fêter Pâques ! Dans la nuit, il y aura simplement un grand cierge allumé, et quelqu’un, dans l’église chantera la victoire de Dieu où toute l’histoire de l’humanité est relue comme marche en liberté vers Celui qui nous aime infiniment.

La liturgie, pourtant, n’est pas un spectacle surréaliste. C’est l’occasion d’entendre une voix ténue, mais en réalité extrêmement puissante, qui redit une promesse. Comment ce que nous aurons alors célébré pourra-t-il se manifester dans ce présent si douloureux ? Je n’en sais rien mais ce qui est sûr, c’est que, si nous ne sommes pas au rendez-vous des appels que Pâques fait entendre, le champ est libre pour la dévastation.

Comme lieu de formation, les Facultés Loyola ont aussi leur part à prendre. Chaque fois que nous gagnons en écoute, en respect de la voix de l’autre, chaque fois que nous renouons la conversation au lieu de la fermer, chaque fois que nous réfléchissons au lieu de condamner, chaque fois que la confiance grandit, que des mots traversent le silence, quelque chose de la Pâques s’annonce.

Un jour, cette parole heureuse traversera toute notre histoire pour l’adresser à Dieu ; et nous avons, chacun à notre tour, à la prononcer.

Etienne Grieu, recteur des Facultés Loyola Paris