Eschatologie et responsabilité humaine dans la philosophie juive contemporaine
Les tragédies du 20e s’interrogent à nouveaux frais la philosophie de l’histoire. Face à l’irréductibilité de la souffrance, comment affirmer encore un sens de l’histoire qui se réaliserait soit par un progrès inéluctable de l’humanité vers son accomplissement final, soit par une intervention messianique ?
Des penseurs juifs tels F. Rosenzweig, W. Benjamin, A. Neher ou E. Levinas critiquent ainsi tant le modèle des Lumières (Hegel), que certaines visions eschatologiques et messianistes : toutes ces représentations induisent aisément passivité, résignation et abandon de toute responsabilité humaine.
Le messianisme juif est ce qui inspire pourtant à ces philosophes une autre vision du temps qui permet de ne pas désespérer face à l’histoire. L’idée d’une irruption soudaine du Messie dans le cours imprévisible de l’histoire permet en effet de valoriser l’instant présent vécu intensément, au lieu de repousser l’éternité simplement à l’avenir : « il y a un aujourd’hui qui n’est qu’un pont vers demain, et il y a un autre aujourd’hui qui est un tremplin vers l’éternité » (Rosenzweig).
Il s’agira d’examiner comment cette idée se décline diversement chez ces auteurs et quelle conception de la responsabilité elle inaugure.
Bibliographie
-Franz Rosenzweig, L’Étoile de la rédemption [1921], Seuil, 2003.
-Walter Benjamin, « Sur le langage » [1916], « La tâche du traducteur », « Le concept d’histoire » [1940] (Œuvres I et III, Gallimard, Paris, 2000 et 2010)
-André Neher « Immanence et transcendance », l’Existence juive, Seuil, 1962.
-Emmanuel Levinas, Le Temps et l’autre, PUF, Quadrige, 2014 ; « Textes messianiques » in Difficile liberté, Albin Michel, 1984.
Avec ces enseignant(e)s :
60 % jeunes de moins de 30 ans
30 % demandeurs d’emploi
20% deux personnes composant le couple
(un justificatif pourra être demandé)